Une bonne pratique d’un village au centre du Mali, Avril 2021

La population du village qui compte à peu près 2.000 habitants, souffrait énormément des crises d’eau potable pendant de nombreuses années. Pour faire face à cette problématique, en 2008, les collectivités à travers l’appui d’un projet de l’Union Européenne, ont construit un château d’eau de 25 m³ avec une centrale équipée de groupe électrogène. Le but était d’améliorer les conditions sociales, économiques et environnementales de la population du village en matière d’eau potable. Pour gérer le château d’eau afin de satisfaire les besoins d’eau de la population, les autorités villageoises avaient mis en place un comité de gestion.

En 2021, le village a fini par mettre en place la 3^ème génération du comité de gestion car les deux premières générations n’ont pas été capables de faire fonctionner correctement le château d’eau de sorte que son acquisition n’avait pas changé grand-chose dans le quotidien de la population bénéficiaire. Les défis étaient entre autres les pannes fréquentes de moteur au niveau de la centrale et des tensions de trésorerie au niveau de la caisse pour prendre en charge les frais de réparation.

Afin d’assurer une meilleure gestion du point d’eau, le Cercle REFLECT du village ouvert en 2020 par DVV à travers son partenaire, une ONG nationale, s’est intéressé à cette problématique afin d’y apporter sa contribution pour sa résolution. C’est ainsi qu’au travers d’un d’animations sur la problématique de la gestion de ce point d’eau que les participants du Cercle Reflect identifier les différentes causes de cette crise d’eau interminable. Après avoir fait cette analyse à leur niveau, les membres du Cercle ont recueilli la perception de la population du village. L’objectif de cet exercice a été d’avoir un point de vue commun sur l’ensemble des causes du dysfonctionnement de l’adduction d’eau du village. Les raisons recueillies comprenaient les suivantes: la tension de trésorerie, la non-tenue des documents de gestion, le cumul des fonctions, l’absence de dialogue entre les communautés et les membres du comité ainsi que la faiblesse du suivi des activités des organes de gestion.

Après l’analyse de causes et en étroite consultation avec la communauté, le Cercle REFLECT a développé des pistes de solutions possibles pour un meilleur accès des populations à l’eau potable. Quelques solutions développées sont:

• Sensibiliser la population a payé régulièrement leurs redevances d’eau,
• Orienter les membres du comité de gestion sur leurs rôles et responsabilités,
• Mettre en place un petit comité de suivi autonome auprès les membres du comité qui va veiller sur le bon fonctionnement de la gestion du point d’eau,
• Réparer les groupes électrogènes à temps,
• Informer à temps la population bénéficiaire sur tous les disfonctionnements liés à la distribution d’eau.

Ces  résultats ont fait l’objet de restitution auprès des  autorités du village (chef de village et conseillers) et des élus résidants pour leur adhésion.

La discussion et l'élaboration de solutions de manière participative a permis d’insuffler dans le village une nouvelle approche de gestion de la chose publique : L’implication du groupe a permis d’aboutir aux mesures suivantes :

1. L’équilibre des recettes de la redevance pour garantir un fonds de roulement,
2. L’utilisation rigoureuse des documents de gestion pour faciliter la reddition des comptes,
3. La sensibilisation pour une gestion rationnelle de l’eau dans les familles et l’application des principes hygiénique au niveau des points d’eau,
4. La séparation des tâches entre gestionnaire et comité de gestion,
5. L’utilisation des intrants (carburant, huiles) de qualité pour l’entretien  et le fonctionnement du groupe électrogène auprès des fournisseurs agrées,
6. Le maintien des tarifs d’eau à 300 F CFA le mètre cube soit 60 F CFA le baril de 200 litres,
7. La multiplication des bornes fontaines publiques à travers le village pour rapprocher l’eau des consommateurs sur des économes de l’exploitation.   

Les mesures mises en œuvre ont permis une gestion améliorée des ressources de l’adduction d’eau et une diminution des pannes. Les redevances mensuelles d’eau  sont payées à la fin de chaque mois et les coupures d’eau sont moins fréquentes. Le montant recouvré parvient à faire l’entretien régulier des groupes électrogènes.

Grace à l’implication de la communauté auprès des participants le nouveau comité connaît son rôle et responsabilité et les fonds sont bien gérés pour prendre en compte les difficultés liées à l’entretien de groupes électrogènes. La confiance entre la population bénéficiaire et les membres du comité de  gestion du point d’eau s’est  instaurée grâce à une gestion rigoureuse. Cette intervention activiste a permis d’améliorer l’accès à l’eau potable et par ricochet le cadre de vie des populations.

Cet exemple montre de façon très claire l’impact de l’éducation non formelle et l’éducation des adultes sur le développement local. C'est le cercle REFLECT qui a pris en charge un problème qui n'a pu être résolu pendant des années. Leur approche participative a permis d'analyser le problème, d'élaborer des solutions et de les mettre en œuvre avec succès. La mise en place des cercles REFLECT est un outil permanent pour le développement du village. Tous les problèmes liés à la gestion des affaires publiques peuvent être discutés dans le cercle REFLECT, qu'il s'agisse de l'eau, de l'agriculture, de la santé, des infrastructures ou autres, afin d'identifier les causes et de trouver des solutions de manière participative. Il en va de même pour toutes les mesures de sensibilisation visant à modifier les comportements qui ont un impact négatif sur les conditions de vie de la population.

Cependant, dans le village, le nouveau souhait de certains villageois est maintenant que le Cercle REFLECT se mobilise pour installer des robinets dans les maisons. Mais cette histoire est sur une autre page…